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1) Biographie rapide
Autrichien de naissance, il voit le jour le 16 octobre 1854. Il entre en contact avec Marx et Engels durant ses études universitaires, participe à des journaux ouvriers, adhère en 1880 au Parti Social démocrate d’Allemagne. En 1883, il fonde Die Neue Zeit (Le Temps Nouveau) qui va devenir la principale revue théorique du socialisme allemand.
Dès le deuxième congrès d’Erfurt, il entre en conflit avec Edouard Bernstein auquel il reproche des dérives droitières révisionnistes. En 1900, il fait condamner par l’Internationale toute participation socialiste à des gouvernements bourgeois.
A partir de 1910, la social-démocratie allemande se divise en trois tendances :
* une droite derrière Bernstein
* un centre autour de Karl Kautsky
* une gauche animée par Rosa Luxembourg, Franz Mehring, Karl Liebnecht
En 1914, la gauche prend position contre la guerre (refus des crédits de guerre par le député Liebnecht le 2 décembre). La droite est choyée par l’empereur. Kautsky souhaite un arrêt des activités socialistes allemandes et internationales pendant la durée de la guerre. Rosa Luxembourg le moque : "Maintenant que Kautsky l’a complété, on peut lire dans le Manifeste communiste "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous en temps de paix ; en temps de guerre, égorgez-vous" (L’internationale 1915).
Après la première guerre mondiale, Kautsky va rejoindre la Deuxième Internationale luttant sans relâche contre la Révolution russe et le bolchévisme. En 1924, il revient dans sa ville d’origine, Vienne, qu’il fuira en 1938 devant les nazis pour se réfugier à Amsterdam (mort le 17 octobre 1938).
2) Le professeur
Exécuteur testamentaire de Marx, secrétaire puis exécuteur testamentaire d’Engels, Kautsky s’est fixé le but de défendre et développer leur pensée. " C’est en 1883, écrit-il, que je découvris ma vocation : diffuser, vulgariser et, pour autant que j’en fusse capable, approfondir les résultats scientifiques obtenus par Marx sur le plan de la pensée et de la recherche ".
Il se positionna donc dans le mouvement ouvrier et socialiste comme professeur de marxisme. C’est également l’avis de ses principaux opposants comme Paul Mattick (gauche conseilliste allemande) : "Kautsky fut essentiellement un professeur".
Ses ouvrages présentent indiscutablement de l’intérêt pour toute personne qui se confronte à la compréhension de Marx et à l’histoire de ses interprétations. Ceci dit, ni sa capacité à maintenir vivante la méthode marxiste, ni sa capacité de dirigeant politique socialiste ne sont à la hauteur de son attachement à Marx et Engels.
Parmi ses ouvrages, citons :
* Le programme socialiste écrit en 1892, à une époque où Engels vit toujours.
* Berstein et le programme social-démocrate 1899
* La Révolution sociale 1902
* La retraite des Dix-Mille 1902 Suite à l’expérience ministérielle de Millerand en France
* 1789 - 1889 - 1905 1905
* Les Trois Sources du Marxisme 1908
* Le Chemin du pouvoir 1909
* Histoire de la première internationale (1864-1876) 1924
* La Conception matérialiste de l’histoire 1927
3) Le dirigeant politique
Dans la trajectoire politique de Karl Kautsky, représentant du courant centre du SPD, l’année 1908 est la plus éclairante.
Les années 1905 ont vu se dérouler de grands mouvements sociaux, en particulier en Russie et Pologne.
http://www.gauchemip.org/spip.php?r...
22 janvier 1905 : le dimanche sanglant de Saint Petersbourg
27 juin au 8 juillet 1905 : Grève générale, massacre d’Odessa et mutinerie du cuirassé Potemkine
Il est logique pour un dirigeant politique socialiste d’en tirer un bilan pour éclairer la stratégie à suivre. Karl Kautsky rédige donc un texte dont le titre indique bien l’objet « Le chemin du pouvoir ».
Cette question est complexe pour l’Allemagne du Kaiser Guillaume II dans laquelle ni l’empereur, ni son gouvernement ne sont responsables devant le Parlement. Les élections servent donc à détourner les milieux ouvriers et populaires du terrain social vers une citoyenneté superficielle (seuls les élus locaux ont un pouvoir, bien limité), des revendications démocratiques réelles vers l’acceptation d’un droit légal qui n’a aucune légitimité du point de vue des droits de l’homme et du citoyen (souveraineté populaire…).
La brochure de Kautsky ne sort pas de cette impasse d’un parti électoraliste piégé dans des institutions pour lesquelles les élections ne donnent pas de pouvoir réel ; il propose seulement une "démocratisation de l’empire et des États qui le composent ". Il fait valoir les difficultés économiques du capitalisme et la puissance montante du prolétariat qui un jour… mais ne propose aucune autre hypothèse stratégique que les élections avec des formules pseudo-scientifiques du type " la révolution ne peut jamais éclater de façon prématurée ".
La brochure de Kautsky est donc imprimée.
Cependant, la direction du SPD ne veut pas d’incident vis-à-vis du pouvoir impérial qui lui permet de vivre grassement. Elle craint un procès sur telle ou telle phrase qui peut ne pas plaire au pouvoir et entraîner une amende. Kautsky emploie par exemple le terme de "révolution", contradictoire avec une cohérence seulement légaliste. La brochure est envoyée au pilon. Kautsky ne se bat pas.
Sur le fond, Kautsky est un théoricien formé du socialisme marxiste dont la réification du "parti" au détriment des "masses" préfigure des caractéristiques futures de la social-démocratie européenne et de partis communistes de la 3ème Internationale stalinisée. Ainsi, pour Kautsky, " les mouvements spontanés de masses inorganisées sont toujours incalculables " et pour cette raison dangereux pour un " parti révolutionnaire ".
Sur une telle orientation, la trahison de 1914 puis celle de 1919 étaient prévisibles ; la défaite face au fascisme en Allemagne comme en Autriche (lieu de naissance puis de vie entre 1924 et 1938) l’était tout autant car celui-ci a imposé un rapport de forces dans la rue face auquel le "démocratisme" abstrait du SPD n’apportait aucun moyen de résistance.
Hitler naît le 20 avril 1889 en Autriche, fief du pré-fascisme
Août 1914 : La trahison militariste et nationaliste de la 2ème Internationale
4 mars 1933 : Le Parti fasciste catholique impose sa dictature en Autriche
Jacques Serieys, 6 octobre 2006
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