153 morts dans l’Airbus A310 de la Yemenia Airways pour les Comores. Un crash annoncé ?

samedi 1er août 2009.
 

Drame . Hier matin, un airbus A310 de la Yemenia Airways à destination des Comores s’est abîmé en mer avec 153 personnes à bord. La polémique enfle sur la fiabilité de l’appareil.

Il n’aura fallu que quelques heures après le crash du vol IY626, affrété par Yemenia Airwyas, entre Sanaa au Yémen et Moroni aux Comores, pour que la polémique éclate. « Compagnie poubelle », objet « d’un contrôle renforcé » en France, appareil sur lequel « avaient été constatés un certain nombre de défauts », les accusations pleuvent depuis que l’Airbus A310 de la compagnie yéménite s’est abîmé en mer dans la nuit de lundi à mardi, vers une heure du matin.

Alors qu’il entamait sa phase d’atterrissage, l’avion, qui avait à son bord 153 personnes, dont 66 Français et 11 membres d’équipage, a disparu des écrans radars. De nombreux moyens de recherches et de secours, dont des navires et vedettes des Comores et de Madagascar, deux navires partis de la Réunion, un remorqueur envoyé de Mayotte ainsi qu’un Transall, ont été envoyés à une quinzaine de kilomètres des côtes comoriennes où la carlingue de l’avion, des débris, des traces de carburant et des corps ont été repérés. Hier en fin de journée, un seul rescapé semblait avoir été retrouvé. Il s’agirait, selon le coordinateur des opérations de secours du Croissant rouge comorien, d’un enfant de cinq ans. D’autres sources évoquent une jeune fille âgée d’une quinzaine d’années.

L’avion Interdit en France

Selon les informations délivrées par Airbus, l’appareil, mis en service en 1990, était exploité par la compagnie yéménite depuis octobre 1999 et cumulait environ 51 900 heures de vols. Mais le secrétaire d’État aux Transports, Dominique Bussereau, s’est montré très critique vis-à-vis de Yemenia. Si elle ne figurait pas sur la liste noire des compagnies aériennes interdites de vol dressée par l’Union européenne, elle était « l’objet d’un contrôle renforcé » en France et devait « être auditionnée prochainement par le comité de sécurité de l’Union européenne. » Quant à l’appareil, il avait été contrôlé en 2007 « par la Direction générale de l’aviation civile en France et elle avait constaté un certain nombre de défauts », a précisé Dominique Bussereau. À tel point qu’il avait été « exclu du sol national ». Réponse de son homologue yéménite, Khaled Ibrahim Al Wazir : « Il y a eu une inspection complète menée au Yémen (…) avec des experts d’Airbus » en mai dernier et l’appareil « était conforme aux normes internationales ». Tout juste a-t-il reconnu qu’« il y avait des remarques sur cet avion qui concernaient des sièges et des questions de décor dans la cabine des passagers. Et l’on y a remédié à temps ».

« Pris pour des cobayes »

Une version officielle remise en cause par nombre d’utilisateurs, comme ceux qui ont fondé l’association SOS Voyage aux Comores et qui alertent depuis un an sur les conditions de vol inacceptables et dangereuses entre Sanaa et Moroni (lire entretien ci-contre). Selon Ali Chamsudine, le rédacteur en chef de RFO Radio Mayotte interrogé par France 24, l’avion était si peu aux normes que les Comoriens estiment que c’est pour cela qu’ils devaient changer d’appareil à Sanaa, sur la ligne Paris-Moroni. « On les a pris pour des cobayes. Ce qui se passe n’est que le résultat de beaucoup de dysfonctionnements. » De fait, les passagers avaient embarqué sur un A330-200 de Yemenia depuis l’aéroport parisien de Roissy. Ce dernier avait fait une escale à Marseille, puis à Sanaa, où les victimes sont montées dans l’A310 qui s’est finalement écrasé.

Dès les premières heures de la matinée, une cellule psychologique a été mise en place à l’aéroport de Marseille-Provence à Marignane (Bouches-du-Rhône), afin d’accueillir les proches des victimes. Deux numéros de téléphone ont été mis en place par le Quai d’Orsay (1). En France, le Bureau d’enquête et d’analyse a été mandaté et le parquet de Bobigny a été saisi afin d’éclairer sur les circonstances de cette nouvelle catastrophe aérienne, intervenue un mois tout juste après le drame du Rio-Paris.

Sophie Bouniot

1er juillet 2009


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