Les victimes de l’amiante dans la rue pour un grand procès

lundi 2 octobre 2006.
 

Le 30 septembre, des milliers de manifestants ont réclamé un procès pénal de l’amiante et une meilleure indemnisation.

Ils étaient près de 7 000, le 30 septembre dernier, à avoir fait le déplacement jusqu’à Paris. De la tour Montparnasse, choisie symboliquement pour la quantité d’amiante qu’elle contient, à la place Fontenoy, proche du ministère de la Santé, tous ont manifesté en silence pour demander « un grand procès pénal de l’amiante ». En tête de cortège défilaient les Veuves de Dunkerque, un portrait de leur mari à la main, comme elles l’ont fait chaque mois, de décembre 2004 à janvier 2006.

Un peu plus tard dans la journée, à l’occasion d’une minute de silence, des ballons blancs, symbolisant les ouvriers décédés par le contact avec la “ fibre tueuse ”, ont été lâchés dans le ciel de la capitale.

Répondant à l’appel de l’Andeva (Association nationale des victimes de l’amiante), les militants CFDT (dont des anciens salariés d’entreprises ayant traité de l’amiante) se sont réunis derrière les banderoles portant l’inscription “ Interdiction mondiale de l’amiante ” et “ Défendre et améliorer les indemnisations grâce au fonds amiante ”.

Au-delà, la CFDT demande une prévention efficace et un renforcement des contrôles, ainsi que le droit à la retraite anticipée pour les personnes exposées. Des revendications portées depuis le début des négociations Pénibilité et ATMP. Pour Jean-Louis Malys, secrétaire national, « la CFDT entend faire pression sur les pouvoirs publics et le patronat pour que toutes les dimensions du problème soient prises en compte, de la prévention jusqu’à la réparation et la condamnation des responsables de cette catastrophe ».

3 000 décès par an. Utilisée massivement dans le domaine industriel pendant des décennies (avant son interdiction en 1996), l’amiante est en effet aujourd’hui l’une des premières causes de mortalité d’origine professionnelle, avec près de 3 000 décès par an. Or le temps de latence entre la contamination à l’amiante et la déclaration des maladies professionnelles qui lui sont liées (jusqu’à 40 ans) explique la lenteur à reconnaître le caractère massif des dommages subis par des milliers de travailleurs.

Cette manifestation s’inscrit dans un contexte particulier, alors que le groupe Alstom, condamné le 4 septembre dernier pour mise en danger de la vie d’autrui (lire l’article) faisait appel de cette décision le 13 septembre, estimant le jugement « non conforme à l’analyse des faits et des principes fixés par la réglementation » et demandant de fait « un recours qui vise à rétablir la réalité des faits et des situations ». Un recours qui relance le combat des salariés du site de Lys-lez-Lannoy (Nord-Pas-de-Calais) mais qui n’étonne aucun d’entre eux, « car les dirigeants du groupe sont prêts à aller jusqu’au bout, sans jamais reconnaître leurs responsabilités », s’indigne un ancien salarié.n

Anne-Sophie Balle © CFDT (mis en ligne le3 octobre 2006)


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