"PLOMB DURCI" Des soldats israéliens décrivent une guerre sans retenue à Gaza

vendredi 17 juillet 2009.
 

Les militaires israéliens témoignent de la violence de l’opération "Plomb durci", menée entre décembre et janvier. Leurs ordres se résumaient à "dans le doute, tuez". L’un parle de civils palestiniens utilisés comme bouclier humain.

Plusieurs soldats de l’armée israélienne (Tsahal) ont décidé de témoigner sur la violence de l’opération "Plomb durci", menée dans la bande de Gaza entre décembre et janvier dernier.

L’ONG israélienne "Breaking the Silence" publie cette semaine les récits de ces militaires qui expliquent que leurs chefs les incitaient à tirer d’abord et distinguer les civils ensuite. La priorité de l’armée était de minimiser ses pertes afin de s’assurer du soutien populaire israélien à l’opération.

"Mieux vaut atteindre un innocent qu’hésiter à viser un ennemi", résume les briefings délivrés pendant l’attaque de 22 jours, rapporte un soldat. Un autre raconte avoir entendu ses supérieurs parler de civils palestiniens utilisés comme boucliers humains, une pratique déclarée illégale en 2005.

600.000 tonnes de gravats

"Dans le doute, tuez", rapporte un soldat comme ses instructions. "La puissance de feu était insensée. On arrivait et les explosions étaient hallucinantes. Dès l’instant où on arrivait à nos positions, on commençait à tirer sur tout ce qui était suspect."

"Nous n’avons pas vu une seule maison intacte (...). Les infrastructures, les chemins, les champs, les routes, tout était en ruines. Les (bulldozers) D-9 avaient tout écrasé", relate un militaire.

Des rues entières de Gaza ont été rasées pour réduire le risque de tireurs embusqués et de pièges explosifs. Selon les Nations unies, les quelque 600.000 tonnes de gravats commencent à peine à être déblayées. Des soldats évoquent l’utilisation sans discernement de munitions incendiaires au phosphore blanc dans les rues de Gaza (ce que dément l’armée), des "destructions massives ne répondant à aucune menace directe" et des règles d’engagement "permissives". Pour priver les combattants du Hamas d’abris, des secteurs entiers, comprenant parfois des jardins et des vergers, ont été rasés par bombardements, tirs d’artillerie, explosifs et bulldozers.

"A la guerre, on fait feu à volonté"

"On ne nous disait pas de tirer sur tout ce qui bouge. Mais la consigne générale était : si vous vous sentez menacés, tirez. Ils n’arrêtaient pas de nous dire que c’était la guerre et qu’à la guerre, on fait feu à volonté", se souvient un soldat.

A l’exception d’un sergent prénommé Amir, l’ensemble des soldats parlent sous couvert d’anonymat, et leurs visages sont floutés dans les témoignages filmés. En effet, l’armée israélienne interdit formellement à ses soldats de parler aux médias. Dans un communiqué, l’armée israélienne rejette en bloc ces critiques, qu’elle estime "basées sur des on-dit", mais s’engage à enquêter en cas de plainte formelle pour exactions, tout en assurant que ses soldats ont respecté le droit international durant "des combats complexes et difficiles".

Plus de 1.000 personnes tuées

Selon une ONG palestinienne, le bilan des combats côté palestinien s’établit à 1.417 tués, dont 926 civils. L’armée israélienne parle de 1.166 morts dont 295 civils. Côté israélien, dix soldats et trois civils ont péri. Amnesty International, Human Rights Watch et l’ONU ont accusé à plusieurs reprises l’armée israélienne d’avoir causé des pertes civiles et des destructions injustifiables. L’Etat d’Israël a toujours rejeté ces mises en cause.


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