Au Parlement européen PLACE 373

dimanche 19 juillet 2009.
 

Je suis installé à la place numéro 373, en haut de l’hémicycle, à gauche. Le plus à gauche de ma rangée qui est d’ailleurs la dernière avant le couloir. A ma gauche il n’y a que les fonctionnaires de la commission qui, par une bizarrerie coutumière, siègent aussi dans le parlement tout comme la commission qui a ses bancs juste en face de moi. Ainsi se réalise, à quelques mètres près, la menace de mon premier président de groupe au Sénat, feu André Méric, qui avait tonné : « compte tenu de ce que vaut ton discours, on devrait mettre ton banc dans le couloir ». Paix à ses cendres.

Et maintenant, je peux observer de ma place cette assemblée de 700 personnes qui en représentent un demi-milliard d’autres. Un mur abstrait de tenues sombres et, par ci par là, une tache de couleur. A côté de moi, Jacky Hénin, puis Elie Hoarau. Trois du Front de gauche côte à côte. Nos deux autres collègues Patrick Le Hyaric et Marie Christine Vergiat siègent quatre rangs plus bas, ce qui est très loin. Devant moi la nuque raide de mon ami Helmut Scholtz, le secrétaire aux relations internationales de Die Linke.

Pendant que j’écris les orateurs de ce parlement se succèdent à la cadence d’une ou deux minutes de temps de parole. Passé au tamis de la traduction tout cela donne un filet de voix uniforme, celle des traducteurs, sans aucun relief qui accroche l’oreille. Il faut suivre attentivement. Ce qui se dit est intéressant. Parfois ! Ouf ! Un peu de politique. Après l’audition du président du cycle semestriel, le premier ministre suédois, les intervenants se répartissent entre congratulateurs et discuteurs. La mer baltique compte beaucoup dans les interventions côté congratulations. La nullité des politiques libérales face à la crise tient le haut chez les discuteurs. Une voix de droite pointe le danger d’extrême droite dans le contexte de la crise. Plusieurs s’inquiètent du nouveau vote imposé aux Irlandais. Je ne repère pas toujours l’orateur et donc son parti.

On est en retard. Très en retard. Le vote pour les questeurs est reporté de minute en minute. De midi prévu pour le vote nous voici à treize heures. Des assistants de toutes sortes circulent entre les travées. Des gens sont debout, d’autres lisent des journaux, j’en vois un qui téléphone, plusieurs qui discutent très vigoureusement debout dans l’allée juste devant l’oratrice. Ca ressemble davantage à une Assemblée générale du mouv qu’à un parlement. Notre groupe du Front de gauche participe à sa façon à cette ambiance. On se place en haut des travées et nous faisons une photo en pleine séance. Pas de problème ! Dans ce chaos, à mesure que l’heure avance, il est impossible de repérer un orateur dans cette salle immense avec tous ces gens debout. Trop de mouvements, trop de circulation, trop de brièveté. Quand le premier ministre suédois répond, le bazar ne faiblit pas un instant.

Je découvre que tout le monde pouvait parler à condition de lever la main et de retenir l’attention du président. Hum. De toute façon, c’est trop tard pour moi ! Enfin on vote. A bulletin secret électronique. On commence par un test qui amuse bien tout le monde. Il faut choisir entre cinq chanteurs d’opéra. Je vote Luciano Pavarotti et Jessye Norman. On plaisante. Tout à l’heure ce sera la soupe à la grimace car il s’agit d’éliminer des candidats. Cette buse de Martin Schultz, le lamentable chef de la social démocratie, intervient et ensuite un autre qui demandent des précisions puériles que tout le monde avait compris avant qu’ils ouvrent la bouche. Bruits, rires. On passe donc au vote test proposé pour nous instruire dans l’art de manier notre pupitre de vote. Résultat : Luciano Pavaroti élu ! Encore des interventions pour demander des précisions. De nouveau Martin Schultz nous rappelle que ce n’est pas le vote réel. Rires.

Le président parle à présent un italien délicieux à entendre après cette cure de polonais ! Pour nous le piège est de voir notre candidature explosée par les compétitions sauvages entre candidats pirates de droite car il y a multitude de candidatures sauvages. Voyons ! 696 votants, deux nuls. Notre candidat passe ? Non ! On va déjeuner ? Ah non ! Il y a un deuxième tour pour trois sièges. Il est deux heures moins le quart ! Le président veut reporter à quinze heures ! Clameurs d’indignation dans la salle. Bon, on vote maintenant. Applaudissements. Ca vire à l’ambiance potache cette séance ! Je vois que notre candidat est numéro deux sur la liste à l’issue du premier tour. Mais quand on lit l’écran de vote il n’y a pas la moindre référence au parti des candidats. Juste des noms. On suit la liste des consignes de vote du groupe auquel on adhère. Les assistants circulent dans les rangs. Bonjour le secret du vote !

Nous, à la GUE, on bloque notre vote sur un seul nom pour faire la différence si possible. Ca s’appelle, je crois, le vote à la polonaise, non ? Troisième tour ! A la majorité simple précise le président ! Ah ! Deux votants de plus ! Ah c’est fait : notre candidat est élu ! Hé ! Hé !


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