Les USA, Israël et le Hamas sont parvenus à un accord pour une trêve et des libérations de prisonniers

mercredi 22 novembre 2023.
 

https://www.liberation.fr/internati...

Un accord entre Israël et le Hamas a finalement été annoncé ce mardi 21 novembre au soir. Des otages israéliens devraient être libérés lors d’une trêve qui durerait quatre ou cinq jours, en échange de la libération de 150 à 300 femmes et enfants palestiniens détenus par Israël.

Trois réunions en trois heures, au plus haut niveau israélien – conseil de guerre, conseil de sécurité et gouvernement – pour officialiser un accord de libération d’otages. Attendu et espéré depuis plusieurs jours, il a été annoncé à 22 heures mardi 21 novembre. C’est le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui s’est chargé de le faire, précisant que ces libérations se feraient par étapes. Il a précisé que le président américain, Joe Biden, avait aidé à l’amélioration de cet accord pour qu’il inclue plus d’otages.

Toute la journée, les déclarations optimistes s’étaient succédé à Doha, où les Etats-Unis, l’Egypte et le Qatar tentent de négocier des libérations d’otages détenus depuis le 7 octobre par le Hamas et d’autres groupes de la bande de Gaza en échange de celles de prisonniers palestiniens et de la mise en place d’une trêve. Mardi matin, le ministère des Affaires étrangères du Qatar avait évoqué des négociations « en phase finale ». « [Le Hamas a] livré sa réponse aux frères du Qatar et aux médiateurs. Nous nous approchons de la conclusion d’un accord de trêve », avait de son côté affirmé sur Telegram le chef du bureau politique de l’organisation, Ismaïl Haniyeh, qui vit dans l’émirat. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), chargé des aspects logistiques, avait pour sa part annoncé lundi soir que sa présidente, Mirjana Spoljaric Egger, avait rencontré à Doha Ismaïl Haniyeh ainsi que les autorités du Qatar.

Trêve de cinq jours, éventuellement renouvelable

Environ 240 Israéliens, civils ou militaires, hommes, femmes et enfants, sont retenus en otage depuis le 7 octobre, lorsque des hommes du Hamas, suivis par d’autres Palestiniens, ont franchi les barrières qui délimitent la bande de Gaza au sud d’Israël. Un nombre effarant qui explique la complexité à trouver un accord, notamment sur un plan logistique. L’attaque israélienne massive sur l’enclave complique encore la localisation des otages dont certains ne seraient pas retenus prisonniers par le Hamas, selon l’organisation palestinienne.

L’accord tiendrait sur six pages, selon le Washington Post. Il prévoirait la libération de 50 à 100 otages, d’après l’AFP, en échange de celle de 300 femmes et enfants palestiniens détenus par Israël. Le transfert se ferait à raison de 10 otages israéliens contre 30 Palestiniens par jour. Il se déroulerait dans le cadre d’une trêve et non d’un cessez-le-feu, refusé par Israël, de cinq jours, éventuellement renouvelable. L’arrêt des combats se doublerait de celui du survol des avions israéliens, sauf au-dessus de la partie nord de la bande de Gaza, où se concentrent les opérations militaires israéliennes et où ils pourraient voler dix-huit heures par jour.

L’accord inclurait enfin un volet humanitaire avec l’entrée dans l’enclave, y compris dans le nord, de 100 à 300 camions d’aide alimentaire et médicale et de carburant. Le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, souhaitait également l’arrêt de la surveillance aérienne de l’enclave par les drones israéliens six heures par jour, le temps que des membres du Hamas puissent localiser les otages détenus par d’autres groupes.

Terreau idéologique propice Le succès de ces négociations entre Israël et le Hamas était d’autant plus pressant que la situation sanitaire à Gaza, déjà catastrophique, ne cesse d’empirer. Alors que les opérations militaires de Tsahal ont provoqué la mort de plus de 13 300 personnes, dont plus de 5 600 enfants, selon le Hamas, et qu’Israël entend désormais attaquer le sud de l’enclave, le manque d’eau et d’électricité sont sur le point de provoquer « une tragédie », a averti mardi l’Unicef. « S’il n’y a pas assez de carburant, nous allons assister à l’effondrement des services d’assainissement, a affirmé son porte-parole, James Elder. Si l’accès des enfants à l’eau et à l’assainissement à Gaza reste limité et insuffisant, nous allons voir une augmentation tragique […] du nombre de décès d’enfants. »

Tout ce qui bloquait encore, mardi soir, c’était la politique israélienne, qui reprend peu à peu ses droits et qui a trouvé, dans cet accord complexe, un terreau idéologique propice. L’extrême droite, « le cœur brisé », s’est tout de suite opposée à tout accord, considérant qu’on ne pouvait répondre au Hamas que par la force. Négocier revient à baisser sa garde, à tendre l’autre joue. Cela n’est pas sans plaire à des membres de l’aile droite du Likoud, et même certains ministres du parti de Benny Gantz, qui se tâtaient encore publiquement avant la réunion du gouvernement. Cela présage sans doute de complications logistiques pour le reste de l’accord. Selon la loi israélienne, tout citoyen israélien victime du « terrorisme palestinien » peut porter recours contre la libération de Palestiniens avec « du sang sur les mains », sous vingt-quatre heures après l’annonce d’un échange de prisonniers. Israël devra donc choisir des prisonniers irréprochables – il a le choix : plus de 8 000 Palestiniens sont en ce moment retenus en Israël, plus d’un tiers sans procès.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message